Les soirées théâtre au Royal de Nice

Tous les soirs du jeudi au samedi, se pressent robes de gala et costumes trois pièces sur le parvis du Royal. Dans un parfum de soirée mondaine, se croisent résidents et visiteurs venus assister à une représentation théâtrale donnée dans la “Baie des Anges”, la salle de spectacle de l’établissement 3 étoiles. Situé sur la Promenade des Anglais, tout dans cet ancien palace invite au voyage dans le temps.

Dès l’extérieur, le visiteur est interpellé par la mise en lumière de la façade néo-classique opérée par le célèbre luminographe d’origine antiboise, Gaspard di Caro. Sur les visages on peut lire l’étonnement et l’émerveillement devant les tableaux lumineux qui se succèdent. Tels des hôtes de marque, les spectateurs sont invités à entrer dans l’établissement par l’authentique tambour en bois et en crin de cheval datant de 1905.

La réception d’époque et les moulures au plafond offrent un décor digne des années 20.

Chacun imagine ici très bien le passé glorieux de l’établissement, les allers-retours des bagagistes venus accueillir des voyageurs lointains, la fumée des cigares des artistes de passage, les plumes, les boas et toute l’agitation des années folles…

Difficile alors de ne pas se rêver à la place de Tino Rossi, qui connut sa première femme dans les couloirs de l’hôtel, ou encore de ne pas imaginer Romain Gary assit dans un coin du fumoir en train d’écrire ces quelques lignes :

Nina semble plus légère, elle embrasse Romain, (…) et l’emmène à l’hôtel Royal écouter des musiciens tziganes. Sur la Promenade, ce palace blanc est chaque soir le théâtre de fêtes russes. ” (Extrait de La jeunesse d’un Paria, Romain Gary)

Fort de son passé culturel prolixe, depuis trois ans, le Royal invite des artistes à exposer leurs œuvres. En attendant que les lourdes portes de la salle de spectacle s’ouvrent, les regards curieux s’attardent sur les photographies d’Aurore Valade, qui ornent les murs de la réception.

Puis, sur la terrasse de l’hôtel, les sculptures de Richard Mas intriguent les plus férus d’art moderne. Enfin, d’un ton solennel, un membre du personnel vient annoncer l’ouverture des portes. Les spectateurs sont alors invités à laisser manteaux, chapeaux et pardessus au vestiaire avant de pénétrer dans le théâtre.

C’est dans une ambiance feutrée que l’on pénètre dans cette salle aux grandes voûtes de style art-déco. Les habitués se saluent et viennent dans des chuchotements convenus prendre des nouvelles d’amis communs. Enfin, le silence se fait, le noir envahit la salle et un halo de lumière vient éclairer un angle de la scène. Changement radical d’ambiance, ce qui surprend les spectateurs néophytes.

Pas de Monsieur Loyal, ni de 3 coups, mais un jeune homme avenant qui, joyeusement, monte sur scène et prend la parole !

“Et bien monsieur, nous n’attendions plus que vous pour commencer, c’est ce qui s’appelle une entrée discrète ! ” déclare-t-il à un retardataire. Hilarité générale !

Quelques indications et plaisanteries plus tard, place aux comédiens. Des sourires naissent sur les visages puis soudain c’est une succession d’interjections de surprises et d’éclats de rires. Visiblement, tous passent un bon moment de détente et de divertissement.

Quand les lumières se rallument c’est un public transformé et heureux qui sort de la salle. A l’extérieur, les comédiens ont formé une haie d’honneur et saluent chaque spectateur.

Nous avons un public fidèle et enthousiaste, il nous tient à cœur de le remercier chaque soir” (Sébastien, directeur artistique du Royal)

Certains habitués embrassent les acteurs et c’est alors une sorte de grande réunion de famille. “ Tu étais formidable dans ce rôle, comme à chaque fois ” précise une dame à jeune comédien, tandis que son mari serre chaleureusement la main du metteur en scène. Plus loin une jeune fille fait la bise à une comédienne. Enfin, d’autres spectateurs sont entrés dans des débats animés et se dirigent vers la terrasse pour y déguster un dernier verre dans une ambiance jazzy.